Comment remplacer 17 réacteurs nucléaires en énergie renouvelable ?
Nicolas Hulot a annoncé le lundi 10 juillet dernier son projet de fermer quelques réacteurs nucléaires et de les remplacer par des sources renouvelables. Le ministre de la Transition écologique et solidaire n’a pas donné de chiffres exacts. Selon ses dires, 17 réacteurs sur les 58 en activité seront peut-être concernés par cette mesure. Il est décidé à atteindre l’objectif de réduire de moitié la part nucléaire dans le mix énergétique français d’ici 2025. Pour les observateurs, le programme de Nicolas Hulot est tout simplement irréaliste. Il reste à savoir comment il va procéder.
Une décision compatible à l’Accord de Paris
Fermer 17 réacteurs en quelques années est un projet très ambitieux. Selon Nicolas Goldberg, manager du cabinet Colombus Consulting, la mesure concerne les centrales anciennes, âgées de 40 ans et plus, incluant certainement celle de Fessenheim dans le Haut-Rhin. Or, au mois d’avril 2017, EDF a eu la permission de repousser la fermeture de cette très ancienne centrale nucléaire, et ce, en dépit du fait qu’il se trouve dans une zone à risques.
L’aspect positif de ce plan de Hulot, c’est qu’il est compatible à l’Accord de Paris. Il pourrait également accélérer la mise en place d’un mix énergétique beaucoup plus écologique, car les réacteurs fermés seront remplacés par des sources renouvelables. Mais la vraie question qu’il faut poser est la suivante : comment faire pour remplacer 17 centrales par des énergies renouvelables ?
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Remplacer les réacteurs nucléaires avec l’éolien et le photovoltaïque
En général, la capacité de production des 17 vieux réacteurs que Nicolas Hulot prévoit de fermer est de 15, 290 GW. L’impact de leur fermeture au niveau de l’approvisionnement sera énorme. Mais il est possible de compenser en grande partie la baisse d’approvisionnement par la mise en activité de Flamanville 3. Ce réacteur de nouvelle génération est effectivement capable de produire 1.600 MW d’électricité. Le reste est à combler par de l’électricité verte. Bien entendu, la France devra aussi réduire sa consommation énergétique.
En ce qui concerne les sources renouvelables à utiliser, le ministre de la Transition écologique mise sur l’éolien et le photovoltaïque. Or, la capacité productive des installations existantes reste faible et elle dépend beaucoup des conditions climatiques. A titre indicatif, un parc éolien terrestre ne peut produire que 12,1 GW d’électricité. Il est donc nécessaire d’accroître le nombre d’installations en fonctionnement. En effet, pour que l’arrêt d’activité des 17 réacteurs nucléaires n’ait aucun impact sur le mode de consommation des Français, le pays doit disposer d’installations photovoltaïques d’une capacité de 25 GW, d’un parc éolien terrestre de 30 GW et d’un parc éolien maritime de 2,5 GW.
Le gouvernement a déjà prévu la mise en fonctionnement de 8 fermes offshore d’une capacité totale de 4GW. Mais le développement des autres sources d’énergie risque de prendre du temps vu le coût qu’il pourra engendrer. Selon certains observateurs, l’objectif le plus réaliste serait un mix énergétique avec 25% de part d’énergies renouvelables.
Si le gouvernement entend maintenir sa décision de fermer les centrales nucléaires, ils estiment que le recours aux énergies fossiles est nécessaire afin d’éviter la baisse de l’approvisionnement. Pour d’autres observateurs, cette dernière option n’est pas envisageable.
La réduction des exportations et le recours à l’hydraulique se présentent comme de bien meilleures alternatives. Mais il y a également une contrainte à prendre en compte. Elle concerne le stockage des énergies produites. L’Etat doit mettre en place un système plus efficace.
Le défi à relever par Nicolas Hulot
Peu importe les critiques, Nicolas Hulot semble être bien déterminé à relever le défi. Sa première et grande tâche est de convaincre EDF. Notons que les leaders du nucléaire ne sont pas favorables à l’idée de fermer d’autres centrales. En effet, le poids des précédentes fermetures pèse encore dans plusieurs communes.
Par ailleurs, EDF affirme que démanteler des réacteurs est beaucoup plus coûteux que de les maintenir en activité. Depuis sa nomination, le ministre a mis en évidence son désir de procéder avec diplomatie et méthode. Nicolas Hulot devrait présenter des arguments très convaincants s’il veut mener à bien son projet. Mais en même temps, il doit réunir le budget nécessaire au déploiement des sources renouvelables.