Le 5 juin dernier, l’Arabie saoudite et ses alliés ont décidé de mettre fin à toute relation diplomatique avec le Qatar. Automatiquement, le monde associe ce conflit à une éventuelle perturbation de l’approvisionnement en hydrocarbures. Or, selon les analystes, ce n’est pas une évidence, sauf si cette crise énergétique du Golfe s’intensifie et se prolonge.
Un impact au niveau du prix ?
Le Qatar produit uniquement 600.000 barils de gaz naturel liquéfié (GNL) par jour. Lundi, le pays a annoncé qu’il va réduire le niveau de sa production durant neuf mois afin de constituer plus de stocks. Ce sera une baisse modeste de 30.000 barils par jour et c’est une décision prise dans le but de respecter l’accord Opep/non-Opep. Tout cela pour dire que la part du Qatar dans les fournitures mondiales est très faible. Elle est seulement de 2 à 3 %.
Les quelques millions de tonnes de GNL produits par ce pays sont expédiés en bateau vers le Japon, la Corée du Sud, l’Inde, la Grande-Bretagne et quelques pays européens comme l’Espagne et la Pologne. Jusqu’à présent, la crise n’a pas perturbé l’acheminement des produits vers les pays destinataires.
Qu’en est-il de l’Emirat ? Etant un des plus grands producteurs de GNL du monde, il assure 1/3 des fournitures mondiales. L’Asie et l’Europe sont ses principaux clients. L’influence de la crise sur les chaînes d’approvisionnement vers ces pays reste aussi minime. De plus, les convois peuvent toujours emprunter la voie iranienne ou omanaise. Toutefois, cela risque fort de générer une augmentation au niveau des prix du pétrole.
L’analyste Jean-François Seznec redoute fort cette hausse du tarif. Bien évidemment, tout n’est que supposition. L’importance des stocks disponibles pourrait empêcher une telle complication selon Raghu, le vice-président du Kuwait Financial Center (Markaz).
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Focus sur les conséquences de la crise en Europe
Kuwait Financial Center a déclaré dans un rapport publié lundi qu’une éventuelle perturbation sur l’arrivée des hydrocarbures en provenance des pays du Golfe obligerait l’Union européenne à dépendre davantage aux livraisons de gaz russe. La situation est peu convenable pour l’UE.
Or, c’est un scénario à ne pas écarter surtout si la crise du Golfe se dégénère et s’enchaîne par une confrontation militaire. En effet, les pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) incluant notamment l’Arabie Saoudite, le Koweït, l’Oman, Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Qatar auront du mal à assurer les exportations de gaz et de pétrole en Europe. D’autre part, le coût des hydrocarbures risque de grimper. Ce bond qui peut être vraiment important est causé par l’augmentation des prix d’assurance relatifs à l’acheminement des produits.
Selon M. Raghu, les pays asiatiques comme l’Inde, le Japon et la Corée du Sud ne seront pas épargnés par une éventuelle crise. Déjà pénalisés par les restrictions aériennes et terrestres faites par l’Arabie saoudite, les importateurs de GNL de Qatar pourront aussi faire face à un blocage des voies maritimes. La seule solution qui leur reste serait de réaliser plusieurs transbordements ce qui rendra les frais exorbitants. L’Asie se trouvera donc dans l’obligation de chercher d’autres fournisseurs, en guise de plan de secours.